
Conscient de cet état de fait,
puisque j’y suis passé, j’ai juré de toujours être là pour rendre hommage à mes
collègues et leur insuffler un brin de courage et leur prêter main forte, ne
serait- ce qu’en usant de gallicismes réconfortants
et empathiques à leur égards. Pas une seule fois, je n’ai failli à cette règle,
jusqu’au jour où ce fut le tour d’un collègue très cher à mes yeux, auquel, je
n’ai pu assister lors de son départ, pour n’avoir pas été avisé.
Mais pour ne pas m’avouer vaincu
et rattraper le coup, je voudrai rendre hommage à cette personne, dont le
parcours depuis son arrivée à son poste en 1981, à l’Office National de l’Eau
Potable (l’actuel ONEE) est tout à fait exceptionnel. Il s’agit de M. El Mghari
Tabib Mohamed, Docteur en chimie de l’eau et de l’environnement. Cet homme,
depuis sa prise de service au laboratoire central de l’ONEP, s’est très vite
démarqué au sein de l’équipe, responsable de la paillasse de physico-chimie,
dont il prit les rennes quelques temps après.
Ma première entrevue avec lui, je
m’en rappelle comme hier, avait concerné le contrôle du résultat d’un paramètre
dont la valeur sur terrain était trop éloignée de celle obtenue au laboratoire.
Ce fut le jour où j’ai vraiment soupesé la personne, car, en scientifique
avéré, il assista à une analyse contradictoire, au niveau de la salle de chimie
et découvrit alors que la valeur erronée était plutôt celle obtenue au
laboratoire et non celle du terrain. C’est dans des cas pareils que l’on
reconnait les professionnels, les vrais, car M. El Mghari, géra ce quiproquo
avec un calme et une maitrise inouïs. Depuis je lui présageais un avenir florissant
à l’ONEP et je me félicitais, pour l’office, d’avoir une nouvelle recrue de
cette classe.
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A la télévision à l’émission MOUATIN AL YOUM |
Au fil des années, beaucoup d’eau
à couler sous les ponts pour rejoindre les retenues de barrages et être
harnachée par les soins de M. El Mghari qui, maintenant en sus de la chimie, la
direction lui confia également la responsabilité du traitement des eaux, où
comme à son habitude, il se distingua et y apporta moult améliorations, tant en
qualité qu’en quantité d’interventions. Désormais il était devenu,
incontournable, à juste titre, dans toutes les décisions scientifiques ou
organisationnelles que le laboratoire devait prendre. Sa grande facilité de
communication, ses solides connaissances du métier, son respect pour ses
collaborateurs, sa grande faculté d’écoute, sa méthodologie scientifique de
chercheur confirmé y étaient pour beaucoup.
On sentait même chez lui que le
carcan administratif des postes de responsabilité qu’il a brigués, le gênait
quelques peu, parce qu’il savait pertinemment que pour être performant dans ce
domaine, il était indubitable de rester
coller au technique. Ceci lui permettait de demeurer très proche et à l’écoute
et de ses collaborateurs qui étaient positionnés dans le chemin critique de la
production du résultat des analyses. Il lui arrivait même quand le besoin s’en
faisait sentir de retrousser ses manches et participer à quelques analyses. La
dernière à laquelle, j’ai moi-même assisté, est celle d’un essai de toxicité
sur poisson, qu’il a réalisé, haut la main avec une dextérité fulgurante et
avec en prime une remarque pertinente sur le mode opératoire de la méthode
utilisée.
Ceci est la charnière qui m’amène
à parler d’une autre facette de de M. El Mghari. Eh Oui, le souci inné qu’il
avait de vouloir toujours s’améliorer, doublé d’un esprit critique et positif,
ont fait de lui la personne idoine pour prendre en charge le projet de mise en
place de l’assurance qualité qu’il mena tambour battant, avec le précieux concours
d’une certaine ASSAGA Fatima, jusqu’à l’obtention d’une double reconnaissance
en terme d’accréditation. Plus tard, il s’attela à un autre projet, sur la même
lignée, celui de la qualité totale et devint le représentant de l’office devant
les instances nationales et internationales sur ce volet.
Globalement son parcours est, on
ne peut plus riche, en interventions de tout genre, depuis ses nombreuses
communications techniques se rapportant à la qualité de l’eau jusqu’aux
innombrables réunions de suivi des projets d’ordre organisationnel et/ou de
qualité, à tel point, qu’il serait prétentieux de ma part de vouloir les citer
toutes d’une manière exhaustive.
Délégation en visite du laboratoire en présence du DG ONEP |
Ceci lui valut d’être, enfin, nommé
à la tête de la direction laboratoire vers la fin des années 2000 (juin 2008).
Cette consécration, tout à fait méritoire, lui permit d’avoir les coudées
franches pour maintenir le laboratoire à un niveau de maitrise de la qualité
sur une courbe ascendante, qui a fait resplendir la renommée de l’Office à
l’échelle régionale et internationale.
En hommage, à cette personne, qui
fût et restera une référence sans conteste, pour toutes les personnes qui l’ont
connu, je dirais, simplement MERCI. Saches que tu as rempli ton contrat avec
brio, tes enfants, tes proches, tes collègues peuvent s’enorgueillir d’avoir
été tes contemporains.
Pour ma part, je déclare qu’un commandant
de bord chevronné, tel que lui, timonier quand il le faut, homme de barre quand
il le faut, et homme de cale quand il le faut, vient de mettre pied à terre,
laissant le joli paquebot qu’il a longtemps maintenu à flot, à quai et bien
amarré. Autant, je suis content pour lui, d’avoir mené son embarcation à bon
port, autant je souhaite que son successeur soit bon navigateur, une fois le bateau à nouveau en haute mer,
car il serait dommage qu’un tangage maladroit puisse envoyer, la précieuse
cargaison si durement obtenue, par le fond.
Au revoir Si El Mghari, je te
souhaite de rester en bonne santé, dynamique et actif comme tu l’as toujours
été.
Un collègue et un ami
inconditionnel : Salah ABDELMOUMENE (Rabat)
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